On a beau avoir vu maintes et maintes fois le film à la télévision La Planète des Singes est un sommet de la science fiction des années 60. Se basant sur le roman homonyme de Pierre Boulle sans en reprendre toutes les extravagances pour des raisons de budget, La Planète des Singes réussit à être un formidable film d'aventures (le public visé était familial d'où l'absence quasi total de violence explicite sauf dans le quatrième épisode de la saga) tout en étant une fable philosophique et un pamphlet politique.
Cette façon de mélanger la science fiction avec les angoisses et préoccupations de l'époque est typique du cinéma américain des années 60 et 70.
La saga des Planètes fustige ainsi tous les débordements de ces années là.
On y retrouve ainsi une critique féroce du nucléaire, la remise en question sur la nature de l'homme vu comme un être uniquement prêt à se battre et à détruire, une plaidoyer contre la guerre du Vietnam (surtout dans le deuxième épisode), une métaphore sur les révoltes qu'ont connues les prisons américaines avec comme figure emblématique, Attica (cf La conquête de la planète des singes).
Si les suites ont exploité le filon jusqu'à l'épuisement (pour autant, chaque film de la série a eu un succès important), aucune n'arrive au niveau du premier.
Tout simplement, parce que cet opus bénéficiait d'un scénario unique (le formidable effet de surprise du à l'incroyable situation dans laquelle le spectateur est plongé est par nature impossible à reproduire), de la qualité des maquillages (John Chambers remporta un oscar spécial en 1968 pour son travail sur le film, travail qu'il accomplira sur les diverses suites avec moins de réussite par la faute de budget de plus en plus restreint), de la présence d'un metteur en scène talentueux (Franklin J. Schaffner qui connaîtra la consécration deux ans plus tard avec Patton) et d'une star d'envergure (Charlton Heston sans qui le film n'aurait jamais pu voir le jour).
Et dire que Tim Burton est en train de s'attaquer au remake ! On en jubile d'impatience.

Un astronaute égaré (Charlton Heston), s'écrase sur une étrange planète dirigée par des singes qui utilisent une race humaine primitive pour les chasser, les réduirent en esclavage et réaliser des expérimentations médicales.

Les producteurs et la Fox désireux de surfer sur le succès inattendu et phénoménal de La Planète des Singes décidèrent de lui donner une suite. Petit problème : Charlton Heston ne voulait pas reprendre son rôle de Taylor. Arthur P. Jacobs (le producteur et instigateur du premier film) réussit néanmoins à convaincre la star de rempiler pour l'ouverture du film (finalement, Heston apparaît aussi dans les dernières séquences).
La présence furtive de Charlton Heston ne suffit pas à masquer le manque d'ambition du projet (le budget alloué ne représentait que la moitié du premier). Ce sentiment est aggravé par la nature même du scénario qui ne s'avère être qu'un vulgaire calque du premier avec, pour remplacer Heston un sosie du nom de James Franciscus.
Par moments, la satire politique et sociale donne un certain cachet au film (les chimpanzés brandissant des pancartes contre la guerre et s'asseyant en travers de la route à l'image des opposants au conflit vietnamien ou encore les discours assénés par nos héros sur le danger du nucléaire) mais c'est indéniablement le côté kitsch qui l'emporte.
La fin apocalyptique faisait croire à la disparition de la série au bout de (seulement) deux épisodes mais c'était sans compter sur le succès du film et l'ingéniosité des scénaristes. Et puis surtout, étant donné la médiocrité de Le secret de la planète des singes, les auteurs devaient une revanche aux spectateurs. Ce sera Les évadés de la planète des singes.

Après le désastreux Le secret de la planète des singes, Les évadés de la planète des singes redore le blason de la série ; les auteurs ayant eu l'intelligence de ne pas copier indéfiniment le concept du film original. L'idée est ici de renverser les rôles oppresseurs/opprimés tenus jusqu'à présent par les singes sur les hommes. Ainsi, la trame de ce film permet aux docteurs Cornelius et Zira de faire un bon en arrière dans le temps pour se retrouver sur terre à l'époque où les hommes sont toujours au pouvoir et les singes au mieux de simples animaux de cirques. On est alors très loin de ce qu'étaient les deux premiers films et pour les producteurs, ce scénario a un atout supplémentaire : celui de diminuer le budget du film. En effet, il n'y aura plus que trois maquillages de singes à effectuer au lieu de centaines (le couple étant accompagné dans leur voyage temporel par un autre singe scientifique, Milo).
Le résultat obtenu donne un nouveau angle d'attaque à la série. La critique sur l'homme et ses travers est encore plus féroce. Et surtout, le ton du film devient de plus en plus sombre.
A l'image de King Kong, ce film est ainsi un film tragique dans sa seconde partie, au moment où les hommes prennent conscience du danger que peut représenter le futur fils de Cornelius et Zira. Le final sans concession termine brillamment le film. Les auteurs se couvrant néanmoins avec un épilogue leur permettant de rebondir en cas de succès (pour l'époque, la série des Planètes était précurseur dans l'art de savoir habillement enchaîner les suites). Ce qui s'avéra une nouvelle fois être le cas d'où la mise en chantier de La conquête de la planète des singes.

Zone 1 Fox 1972 Science Fiction
Format 2.35 - 16/9 non offert - THX - cc - Simple couche
Langages : Anglais Dolby Surround - Français Mono
Sous-titres : Anglais / Espagnol
Réalisateur: J. Lee Thompson
Acteurs : Roddy McDowall, Don Murray, Natalie Trundy, Hari Rhodes, Severn Darden, Lou Wagner
Durée : 88 minutes
Suppléments : Bandes annonces. Lien internet.

Dès le début du projet, les producteurs avaient annoncé leur volonté de s'éloigner du concept du film familial.
On ne s'étonne donc pas de voir un film beaucoup plus violent et noir que les précédents.
L'histoire cette fois-ci s'articule autour de la venue d'un messie, un singe qui parle (le fils de Cornelius et Zira) délivrant les singes devenus les esclaves des hommes. Ce sera la première grande révolution qui aboutira à la fameuse planète des singes.
Le film s'apparente en bien des points à une sorte de Spartacus simiesque mâtiné d'une pointe de religion (Caesar est le Christ des singes). Le côté politique de la série n'est pas oublié bien au contraire. La dernière demi-heure n'est ni plus ni moins que la reconstitution cinématographique détournée des révoltes d'Attica qui ont bouleversé l'Amérique dans les années 70 (les singes remplaçant les prisonniers). C'est justement dans le final qu'on voit véritablement la volonté des auteurs de durcir le propos et les images de la série. Le ton change considérablement et de façon judicieuse permettant au spectateur d'assister enfin à un spectacle bien différent. Dommage toutefois que le discours final de Caesar ait été adouci par le studio (cf : Les secrets de la planète des singes).
A bien des égards cet épisode est le seul film de la série qui pourrait tenir un tant soit peu la comparaison avec le premier opus.
Au lieu de finir sur cette note positive, les producteurs décidèrent de tourner un dernier épisode. Malheureuse initiative puisque ce sera le très moyen La bataille de la planète des singes.

Zone 1 Fox 1973 Science Fiction
Format 2.35 - 16/9 non offert - THX - cc - Double couche
Langages : Anglais Dolby Surround - Français Mono
Sous-titres : Anglais / Espagnol
Réalisateur: J. Lee Thompson
Acteurs : Roddy McDowall, Claude Akins, Natalie Trundy, Severn Darden, Paul Williams, John Huston
Durée : 86 minutes
Suppléments : Bandes annonces. Lien internet.

Le succès surprise du quatrième épisode décida les producteurs à prolonger une dernière fois la série.
La bataille de la planète des singes est donc le chapitre final. Dans cet épisode, la guerre a ravagé la planète et on retrouve Caesar (Roddy McDowall) à la tête d'un groupe de survivants regroupant des singes et des hommes vivants en harmonie. Mais très vite celle-ci va être menacée par une partie des gorilles et surtout par des humains devenus mutants après avoir été exposés aux radiations atomiques.
En suivant les traces de l'épisode précédent, La bataille de la planète des singes aurait pu être un spectacle violent, sans concession finissant la saga de façon pessimiste comme l'était le premier épisode.
Mais au lieu de ça, les producteurs ayant peur de se priver du public familial choisissèrent d'orienter le film vers un côté plus optimiste. Il est donc très sage ; les morts sont soit hors champ (la chute mortelle du leader des gorilles) soit très discrètes (la bataille finale et ses multiples explosions).
De plus, la faiblesse budgétaire du film est constamment visible malgré les efforts du vétéran Jack Lee Thompson qui rempile ici une seconde fois derrière la caméra suite au succès de La conquête de la planète des singes.
Malgrè son manque flagrant d'originalité (ce n'est en fait ni plus ni moins qu'un remake déguisé du second épisode qui était déjà un remake du premier...), le film eut du succès mais heureusement pour l'image et l'intégrité de la série, les producteurs décidèrent d'en rester là. Dommage que la conclusion d'une des sagas les plus importantes de la science fiction moderne se finisse ainsi. La série TV qui fut créée quelques années plus tard ne faisant qu'aggraver ce sentiment.

Zone 1 Fox 1998 Documentaire
Format 1.33 - 16/9 non offert - cc - Double couche
Langages : Anglais Dolby Surround
Sous-titres : Anglais
Réalisateur: David Comtois
Acteurs : Roddy McDowall, Charlton Heston, Kim Hunter, Mort Abrahams, Jack L. Thompson
Durée : 126 minutes
Suppléments : bandes annonces. Lien internet.

Fox gardait sa botte secrète pour ce sixième DVD.
A l'intérieur de ce documentaire se cache pas moins que l'un des meilleurs sur l'histoire d'un film/série jamais produits.
Pour vous situer l'ampleur du miracle, exception faite du premier film, ce documentaire s'avère être bien plus passionnant à regarder que tous les autres films de la série réunis !
Pendant un peu plus de deux heures, Roddy McDowall (Cornélius puis Caesar) nous guide dans la genèse de la saga..
Rien n'y est oublié, c'est pourquoi il est impératif d'avoir vu les films avant de regarder ce documentaire. Autrement, adieu au suspense car tout y est raconté en long et en large.
La première moitié du document concerne bien évidemment le premier film de la série. Pendant une heure, grâce à de rares images d'archives complétées par des interventions des principaux protagonistes du film (enfin, ceux qui sont encore en vie) : Charlton Heston, Kim Hunter, Linda Harrison,..., la naissance d'un classique nous est narré par un Roddy McDowall en témoin privilégié (il a tourné dans quatre des cinq films).
Il y a incontestablement des petites perles d'informations comme par exemple ce test vidéo d'une grande rareté où le comédien pressenti pour jouer le rôle du docteur Zaïus n'était autre que Edward G. Robinson. Bien sûr, le reportage n'oublie pas de mettre l'accent sur les deux points novateurs du film : les maquillages et le côté politique et social de l'histoire.
Ensuite, chaque épisode de la série a droit à son petit historique et anecdotes. Le documentaire va même jusqu'à évoquer les différents adaptations qu'ont engendré les films (série TV, bande dessinée, dessin animé, produits dérivés,...).
Là où l'on s'aperçoit vraiment de la qualité exceptionnelle du reportage, c'est que non seulement il nous éclaire sur la série mais surtout il nous permet après, d'avoir sur elle un regard bien différent.
Fox a presque bien fait les choses puisque le film est très bien chapitré (plusieurs accès pour le premier film et un pour chaque autre épisode) et la qualité de l'image est bonne (tous les extraits sont au format).
En fait, il ne manque que des sous-titres français ou un doublage pour que tout le monde soit comblés. La présence de sous-titres anglais dépanne néanmoins très bien si on maîtrise un peu la langue.
En plus du documentaire, on retrouve les mêmes bandes annonces que sur les autres disques.